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Quand on a 17 ans (André Téchiné, 2016)

 
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Hello--Kitty
dans le coma profond


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MessagePosté le: Sam Avr 02, 2016 19:20    Sujet du message: Quand on a 17 ans (André Téchiné, 2016) Répondre en citant



Je lance la conversation, puisqu'on est au moins deux à l'avoir vu...


J'ai un souci concret : depuis un certain temps, je trouve que les films de Téchiné s'affaissent techniquement. Là, la lumière et le cadre sont laids, le montage est moins bien (malgré un souci constant de sortir des séquences avant qu'on puisse le soupçonner), la musique est abominable, les costumes sont limite débiles, le scénario se traîne et a perdu le souffle romanesque habituel... Même la direction d'acteurs est flottante.

J'avais l'impression de voir un fil d'art et essai industriel à la façon Fidélité, comme si les mecs n'avaient plus le courage de faire Les Roseaux sauvages avec deux ou trois inconnus (et 2 millions), qu'ils s'étaient sentis obligés d'aller chercher une tête d'affiche pour pouvoir tous se sucrer au passage... Comme Deneuve a 70 balais et qu'il devient compliqué de lui inventer une profession dans les films, c'est Kiberlain qui s'y collent. Son personnage est totalement secondaire mais pour qu'elle puisse le jouer le scénario est obligé de lui inventer une trajectoire, une tragédie avec scènes de crise de nerfs et de pleurs.

Au début, son personnage m'intéressait d'ailleurs. Je me disais "mais qu'est-ce que c'est que cette pute qui invite à la maison un gamin dont on vient de lui dire qu'il était vraisemblablement le harceleur de son fils ?" Je pensais qu'on allait se diriger vers cette veine que j'aime énormément chez Téchiné : le roman d'amour terrible et déchirant entre la dame bourgeoise encore bien de sa personne et le jeune sauvageon qui sort du sous-bois (mes films préférés: "Hôtel des Amériques", "Le Lieu du crime", "Les Egarés")... Mais non, pas de lyrisme ici. En fait c'est juste une histoire d'éveil à l'homosexualité, comme on pouvait s'y attendre en voyant la bande-annonce, et c'est comme souvent l'histoire la plus chiante du monde.

On fait le bilan des avancées sociologiques, ouais... Et on le fait d'une manière qu'on pourrait presque qualifier de malhonnête : on constate que le choix de la sexualité n'est plus vraiment un enjeu entre les générations chez les gens cultivés ("J'ai rien à dire. Je te regarde." dit Sandrine Kiberlain) mais on se garde d'explorer la réaction des agriculteurs, les gens chez qui ça pourrait éventuellement poser problème (en même temps je n'avais pas du tout envie de me retaper les scènes de La Belle saison, donc je suis plutôt reconnaissant au film de m'épargner ça). Finalement, le film a l'air de se chercher une dignité en n'exploitant pas certaines données narratives, comme le métissage du personnage de Tom, par exemple. C'est sans doute bien, mais je trouve que ça se sent, ce côté "comme il faut".

Concrètement, je trouve qu'une fois qu'on a rattrapé les éléments qui nous sont cachés au début d'une façon un peu volontaire (c'est-à-dire le regard de Damien sur Tom), le film a plus de mal à avancer. Pourquoi est-ce que Tom a fait un croche-pattes à Damien en classe ? Parce que Damien n'arrêtait pas de le regarder. Une fois qu'on a dit ça, une fois que la question du désir est réglée, on sait où on va et on s'ennuie beaucoup - et on comprend alors pourquoi justement on nous a caché ces choses-là, ce regard de Damien, on saisit que sous ces airs de chronique le scénario était fabriqué. Ce moment où on renonce à la belle indétermination du film, à son mystère, c'est un passage très délicat...
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Hello--Kitty
dans le coma profond


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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2016 13:28    Sujet du message: Répondre en citant

A propos de ce que disait Trollope au sujet de son ami qui trouvait que dans le film les ados "parlaient comme des sexagénaires"...

Je lisais hier la critique de Jean-Marc Lalanne (qui défend le film avec beaucoup de fougue, évoquant même une "renaissance" du réalisateur)... Lalanne trouve que c'est de cette manière que le film décrit les adolescents d'aujourd'hui : ils ne sont plus légers, ils ne sont plus insouciants, ils sont dans la pleine conscience des problèmes matériels de la société, ils ont des petits projets professionnels (le personnage de Tom) ou personnels (le personnage de Damien qui prend des cours de combat pour apprendre à se défendre). Ce serait pour cette raison qu'ils parlent comme des vieux.

C'est de cette manière aussi que Lalanne justifie l'absence de romanesque dans le film, que j'évoquais dans le message précédent : l'époque n'est plus au roman.
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Hello--Kitty
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2016 13:30    Sujet du message: Répondre en citant

Sinon il m'a semblé lire dans le générique que le film était une adaptation de New Wave de Gaël Morel qui, si ma mémoire est bonne, doit être ce téléfilm avec Béatrice Dalle (que j'avais enregistré et que je n'ai jamais regardé).

Vous avez vu ça, vous aussi ?
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Baldanders
dans le coma profond


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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2016 15:52    Sujet du message: Re: Quand on a 17 ans (André Téchiné, 2016) Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
pas de lyrisme ici.


Et pourtant... Tu ne trouves pas que la vitesse du film, sa manière heurtée d'enchaîner les scènes, de passer d'un court dialogue à une marche à pied (on y marche beaucoup) puis à une station (je pense à un regard de Tom sur les montagnes, il y a de la musique d'ailleurs à ce moment-là je crois), tout ça a quelque chose de lyrique ? Mais pas un lyrisme appuyé ou souligné. On dirait que le film veut simplement nous transmettre l'émotion amoureuse brute à travers des scènes avant tout physiques. Je me demande si Téchiné n'atteint pas avec ce film le coeur de ce qui l'intéresse depuis le début. J'ai toujours eu l'impression que ses scénarios étaient des prétextes pour faire du cinéma. Là, pour la première fois je crois (ah non, j'avais ressenti ça face à Impardonnables), je m'intéressais d'abord au côté physique, comme s'il n'y avait que ça. J'ai vite lâché la piste Kiberlain, sauf pour me dire méchamment qu'elle était là en soutien au gouvernement de Hollande, bourgeoise de gauche venue bénir l'union homosexuelle. Mais pour autant elle ne parasite pas le film : elle sert de relais, elle jette Tom contre Damien. Bref, c'est un cinéma qui m'a semblé au plus près de l'os "téchinien". Et en effet, tout paraît asséché, décharné, de la lumière aux dialogues, le découpage est basique : la caméra court en gros après les corps. C'est vilain, mais pas poseur.

Hello--Kitty a écrit:
Concrètement, je trouve qu'une fois qu'on a rattrapé les éléments qui nous sont cachés au début d'une façon un peu volontaire (c'est-à-dire le regard de Damien sur Tom), le film a plus de mal à avancer. Pourquoi est-ce que Tom a fait un croche-pattes à Damien en classe ? Parce que Damien n'arrêtait pas de le regarder. Une fois qu'on a dit ça, une fois que la question du désir est réglée, on sait où on va et on s'ennuie beaucoup - et on comprend alors pourquoi justement on nous a caché ces choses-là, ce regard de Damien, on saisit que sous ces airs de chronique le scénario était fabriqué. Ce moment où on renonce à la belle indétermination du film, à son mystère, c'est un passage très délicat...


Ah pour moi c'était clair dès le départ qu'ils étaient attirés l'un par l'autre. Quand on nous dit que Damien regardait Tom, ça n'est pas une avancée scénaristique. Tout est sur le même plan pour moi, il n'y a pas de réelle progression narrative. Non, l'important, c'est que les deux personnages sont possédés par une force qui les dépasse. Ils traversent le film en somnambules, un peu comme dans les films de Fassbinder où les gens se matent pendant des plombes, paralysés par le désir. Sauf qu'ici on s'emmerde moins : ça remue. J'ai aussi trouvé ça plus cru et honnête que Duellistes, par exemple, dans un genre proche.
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Hello--Kitty
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MessagePosté le: Lun Avr 04, 2016 19:28    Sujet du message: Re: Quand on a 17 ans (André Téchiné, 2016) Répondre en citant

Baldanders a écrit:
Et pourtant... Tu ne trouves pas que la vitesse du film, sa manière heurtée d'enchaîner les scènes (...) C'est vilain, mais pas poseur.


J'ai toujours aimé la vitesse avec laquelle Téchiné traite ses expositions, je l'admire pour ça (comme Woody Allen d'ailleurs), mais maintenant ça m'impressionne moins, je connais le truc. Le montage des vingt premières minutes est très beau, voire admirable, oui, même si ça passe en force par moments... Il y a des gars sur FdC qui pensent avoir une idée de ce qu'est le rythme d'un montage qui devraient regarder ça, tiens, ça ne leur ferait pas de mal Laughing ... Bref cette vitesse et cette fluidité sont remarquables mais je dirais que pour quelqu'un qui en est à son vingtième film (?), ça me paraît normal de savoir faire ça.

Baldanders a écrit:
Ah pour moi c'était clair dès le départ qu'ils étaient attirés l'un par l'autre.

Oui mais c'est tellement clair qu'on espère que c'est pas ça. Moi, à la première scène de baston à la sortie du lycée, je me suis penché vers la personne qui m'accompagnait pour dire "J'espère que le truc, c'est pas qu'ils ont envie de s'embrasser..."

Baldanders a écrit:
Quand on nous dit que Damien regardait Tom, ça n'est pas une avancée scénaristique. Tout est sur le même plan pour moi, il n'y a pas de réelle progression narrative.

Peut-être que je me suis fait un film. Je pensais qu'il y avait quelque chose de plus pervers avec la présence de Kiberlain, le père militaire, tout ça. En fait à mesure que le film avance les personnages sont désamorcés, c'est bizarre.

Baldanders a écrit:
Ils traversent le film en somnambules, un peu comme dans les films de Fassbinder où les gens se matent pendant des plombes, paralysés par le désir.

Pour moi le film qui réussit magnifiquement ça, c'est L'Important c'est d'aimer, qui est quand même un film happé par le lyrisme. Les personnages sont tétanisés et mettent deux heures à s'embrasser, dans un bain de sang... Téchiné s'intéressait un moment à ça, à cette direction d'acteurs fiévreuse, il faisait ça avec Juliette Binoche, Lambert Wilson... C'était beau.

Je sais bien qu'on ne peut plus faire ça maintenant, c'est triste.

Baldanders a écrit:
J'ai aussi trouvé ça plus cru et honnête que Duellistes, par exemple, dans un genre proche.

Le film de Ridley Scott ? Je n'y avais pas pensé. Je l'ai vu très très jeune, à la télé, et jamais revu depuis, j'avoue que je ne l'avais jamais vu comme un film érotique.
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Baldanders
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MessagePosté le: Mar Avr 05, 2016 0:50    Sujet du message: Re: Quand on a 17 ans (André Téchiné, 2016) Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
quelqu'un qui en est à son vingtième film (?)


Le 21ème, sans compter les courts métrages et les téléfilms.

Hello--Kitty a écrit:
à mesure que le film avance les personnages sont désamorcés, c'est bizarre.


Complètement. Cette bizarrerie m'a plutôt séduit, j'y vois un certain panache, celui de laisser tomber les scénarios-prétextes...

Hello--Kitty a écrit:
Le film de Ridley Scott ? Je n'y avais pas pensé. Je l'ai vu très très jeune, à la télé, et jamais revu depuis, j'avoue que je ne l'avais jamais vu comme un film érotique.


J'y ai pensé quand ils montent se battre dans la montagne. Duellistes n'a pas grand-chose d'érotique, du moins dans mon souvenir. Mais deux mecs qui se courent après pendant des années ont quelque part forcément envie de s'enculer, non ? Guiraudie aussi a filmé ce genre de canevas, à l'époque de Pas de repos pour les braves (avec cet acteur lamentable, Thomas Blanchard, aussi nul chez Hers que chez Mouret...)

Spoiler:


Question : y a-t-il un vrai fumeur sur cette image ?


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Hello--Kitty
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MessagePosté le: Mar Avr 05, 2016 9:24    Sujet du message: Re: Quand on a 17 ans (André Téchiné, 2016) Répondre en citant

Baldanders a écrit:
Complètement. Cette bizarrerie m'a plutôt séduit, j'y vois un certain panache, celui de laisser tomber les scénarios-prétextes...

Hmm. Trop dandy pour moi, je crois.

Moi ce que j'aime chez Téchiné, j'en ai déjà parlé, c'est quand Wadeck Stanczak prend le risque de se faire attraper par la police pour revoir Catherine Deneuve... et qu'on entend la musique de Romano Musumarra au moment où il la retrouve !

Baldanders a écrit:
Mais deux mecs qui se courent après pendant des années ont quelque part forcément envie de s'enculer, non ?

C'est pas moi qui vais te dire le contraire.

Baldanders a écrit:
(avec cet acteur lamentable, Thomas Blanchard, aussi nul chez Hers que chez Mouret...)

Il a une petit cote, lui. Je viens de le voir en premier rôle dans un premier film belge qui m'a beaucoup déçu, Préjudice.
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Trollope
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MessagePosté le: Mar Avr 05, 2016 14:05    Sujet du message: Répondre en citant

Hello--Kitty a écrit:
ils ne sont plus légers, ils ne sont plus insouciants, ils sont dans la pleine conscience des problèmes matériels de la société, ils ont des petits projets professionnels (le personnage de Tom) ou personnels (le personnage de Damien qui prend des cours de combat pour apprendre à se défendre). Ce serait pour cette raison qu'ils parlent comme des vieux.


Et avec la trentaine viennent les cours de lindy hop et tout ce genre de choses...

Baldanders a écrit:
(avec cet acteur lamentable, Thomas Blanchard, aussi nul chez Hers que chez Mouret...)


hors que chez Mouret, j'ai lu au départ...
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Hello--Kitty
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MessagePosté le: Mar Avr 05, 2016 17:16    Sujet du message: Répondre en citant

Trollope a écrit:
Et avec la trentaine viennent les cours de lindy hop et tout ce genre de choses...

Je ne connaissais pas. Je connais le cours de yoga à 40...
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Trollope
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MessagePosté le: Mar Avr 05, 2016 17:49    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai l'impression que c'est à la mode en ce moment, mais je ne me base que sur deux personnes.
J'ai cette propension à tirer des généralités hâtives!
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Baldanders
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MessagePosté le: Mar Avr 12, 2016 9:42    Sujet du message: Répondre en citant

Rebondissement : valzeur n'a pas aimé.

Citation:
(...) je serai moins indulgent que toi.
La première heure fonctionne et est même assez belle, puis c’est la dégringolade - j’ai décidé de m’endormir après l’horrible moment ou Kiberlain essaie d’escalader le cimetière et je me suis réveillé pour la scène de baise qui m’a atterré. On dirait la Vie d’Adèle en soft sans les inserts de prothèses (remplacés par les deux plans très déplaisants où on voit les gars endormis la queue bien à l’air).
L’hénaurme référence du film reste les Hauts de Hurlevent, et dans la première partie, j’ai retrouvé certaines notations poétiques de l’adaptation anglaise du roman de Brontë qu’on avait vu ensemble et que tu avais détestée. En gros, Heathcliff = Thomas et Kathy = Damien. Bon, c’était peut-être trop simple et Téchiné et Sciamma ont rajouté le personnage de Kiberlain qui n’est autre qu’une actualisation gay-friendly de la Fée des Lilas de Peau d’âne (à ceci près qu’elle s’habille en vert).
Dès que le film impose ses coups de force, il se casse la gueule avant de perdre tout intérêt. Le premier est l’idée inepte qu’a Kiberlain de prendre chez elle Thomas : déjà qu’on croit difficilement en elle dans son rôle de médecin sympa, cette touche démente achève de rendre son personnage à côté de la plaque. Et le pompon viendra quand sans aucune précaution la caméra et Damien décident tous deux deux qu’il est homo et amoureux de son petit camarade (en gros, le plan sur-signifiant où le gamin après avoir échoué à capter l’attention de Tom rentre dans sa chambre pour se tripoter la demi-molle avec son poster David Bowie en fond - tu remarqueras que ça n’est pas Bruce Springsteen qui décore son mur). L’affreuse touche gender-free de Sciamma m’a heurté plus d’une fois ; tous les personnages principaux sont androgynes ou d’un marquage sexuel hésitant : les deux gars sont physiquement ambigus, Loret a une voix trop douce pour un militaire blaireau (même pilote) et Kiberlain est d’une intéressante laideur (Téchiné filme beaucoup sa mâchoire, il y’a même un plan où le visage de Damien, le sien et celui du Bowie de l’affiche forme une Trinité de l’indécision sexuelle). En contrepoint de ces gens ouverts ou qui se cherchent, le corps enseignant est réduit à des blaireaux ou pétasses avec accent et sans sagacité aucune (les parents agriculteurs de Tom ne sont pas spécialement bien traités non plus). Le film qui avait un souffle et un rythme à son début perd tout allant et devient mécanique (le summum étant la scène de baise). Il n’y a plus de feu romanesque, mais l’ennui d’une revendication à la différence qui fonctionne complètement à vide (évidemment les barrières intérieures vont céder). Je me rappelle un peu du film d’origine, New Wave de Gaël Morel, c’était absolument horrible et beaucoup plus Demy-esque (avec une irréalité globale de tout et une photo poudroyante dans mon souvenir). Téchiné a un peu amélioré la chose mais était-ce bien la peine de refaire un sous-sous-sous Roseaux Sauvages, qui reste l’un de ses meilleurs films ?
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Hello--Kitty
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MessagePosté le: Mar Avr 12, 2016 13:16    Sujet du message: Répondre en citant

Sur le rythme du film, valzeur et moi avons le même ressenti finalement. Je me demande si je n'ai pas dû moi aussi lutter contre le sommeil après la première heure !


Citation:
je me suis réveillé pour la scène de baise qui m’a atterré. On dirait la Vie d’Adèle en soft sans les inserts de prothèses

Oui donc finalement on ne dirait pas La Vie d'Adèle.

Téchiné a toujours filmé à hauteur de plumard (confer Rendez-vous ou la belle scène des Témoins, ce sont les 2 premiers exemples qui me viennent à l'esprit). Lui au moins n'a pas attendu Kechiche pour considérer que la sexualité pouvait se filmer. Smile

Citation:
Le premier est l’idée inepte qu’a Kiberlain de prendre chez elle Thomas : déjà qu’on croit difficilement en elle dans son rôle de médecin sympa, cette touche démente achève de rendre son personnage à côté de la plaque.

Je me demande s'il ne suffit pas de couper la scène chez le proviseur pour régler ce problème.

Cette scène chez le proviseur, on a l'impression qu'elle est là pour faire entendre la phrase de Kiberlain (quelque chose comme: "Oui bah de toute façon c'est pas si facile de distinguer le bourreau et la victime"), une phrase pas spécialement légère. En plus comme le film a l'air de revendiquer le fait de ne pas avoir à nommer le métissage d'un de ses deux héros... tout ça sent un peu la plume de gauche.

Citation:
Loret a une voix trop douce pour un militaire blaireau (même pilote)

C'est vrai mais c'est compliqué parce qu'en même temps le couple marche peut-être grâce à ça. Si tu mets, je sais pas, Eric Savin, ça passe mieux en militaire mais pour imaginer que Kiberlain l'attend sagement pendant qu'il est en mission, c'est plus difficile. Je dirais aussi que l'admiration du fils pour son père (une assez jolie idée du scénario) passe mieux avec Loret. J'avoue que j'ai essayé d'oublier ce problème en me disant "bon bah c'est l'acteur de Téchiné, il le reprend, c'est sympa..."

Citation:
Il n’y a plus de feu romanesque, mais l’ennui d’une revendication à la différence qui fonctionne complètement à vide (évidemment les barrières intérieures vont céder).

Oui voilà, ça peut malheureusement se résumer à ça. C'est dommage parce que les films de Téchiné résistent habituellement à ce genre de réduction.


Citation:
Kiberlain est d’une intéressante laideur

Je n'étais déjà pas très fan de la façon dont était traitée Adèle Haenel dans le film précédent. J'espère qu'Adèle Exarchopoulos ne passera pas elle aussi à la moulinette.

Bon, de toute façon je trouve qu'il y a un problème de chef op depuis Les Temps qui changent.


Vous saviez qu'il y avait dix ans de différence entre les deux acteurs ?
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