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Belles familles (Jean-Paul Rappeneau, 2015)

 
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Hello--Kitty
dans le coma profond


Inscrit le: 03 Nov 2010
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MessagePosté le: Jeu Oct 22, 2015 13:57    Sujet du message: Belles familles (Jean-Paul Rappeneau, 2015) Répondre en citant



Jérôme Varenne, en transit entre Shanghai et Londres, passe voir sa famille à Ambray en compagnie de sa fiancée chinoise. L'occasion de prendre des nouvelles de la vente de la grande maison familiale, au cœur d'un conflit local. L'occasion de renouer avec les souvenirs et aussi de rencontrer "l'autre famille": l'autre femme aimée par le père de Jérôme et la très jolie fille de celle-ci.


Il y a quelques mois, j'avais essayé de me maintenir éveillé devant une rediffusion nocturne de Tout feu tout flamme. J'en gardais un bon souvenir mais je dois dire que cette nuit là j'avais trouvé ça braillard et, sur la question cruciale du rythme dans la comédie, très en-deçà de ce que pouvait faire Philippe de Broca par exemple. Dans le cas de Belles familles, la question se pose dès les premières minutes. Je trouve plutôt sympathique que les personnages passent leur temps à courir dans le plan, même s'il faut pour cela que le scénario leur invente des urgences artificielles sur lesquelles on passe beaucoup de temps (un contrat à signer en Angleterre, un festival de musique qui commence le soir-même...). J'apprécie que les acteurs soient à la recherche d'une sorte de forme burlesque (Marine Vacth qui fait tomber ses sacs de courses et se jette en avant pour les ramasser) même si aucun humour ne s'en dégage... Mais il faut dire que Mathieu Amalric n'a ni l'explosivité d'un Belmondo ni la faconde d'un Montand. Marine Vacth, elle, est loin d'être aussi volcanique qu'Adjani et propose une version carrément dépressive de l'habituelle fofolle rappeneauiste (?).

A force de fuir le naturel, les acteurs ne font pas grand chose d'autre que d'articuler toutes les syllabes tout en mimant une sorte d'impatience. L'effet n'est pas terrible. On sait que Rappeneau ne tourne pas de plan-séquence et qu'il a son montage en tête. Du coup, on a le sentiment que toute l'énergie est dépensée systématiquement dans le moindre plan, la moindre phrase, le moindre déplacement. Tout doit être trépidant. Finalement, on ressent davantage l'angoisse (de ne pas être assez rythmé, de ne pas être assez turbulent) que la vitalité. On a le sentiment qu'à force de s'agiter le film finit par soulever toute la poussière et qu'il ne reste plus que ça, de la poussière, un vieux film poussiéreux éclairé de manière académique par Thierry Arbogast. L'exploit principal du film: réussir à faire déjouer de bons acteurs (Amalric, Nicole Garcia), si bien que des acteurs habituellement mauvais (Gilles Lelouche) s'en sortent bien, puisqu'ils se contentent de jouer à leur niveau et qu'on n'est pas gênés pour eux.

On ne sait pas très bien où on est. On croit reconnaître un paysage du Val de Loire, puis un personnage parle de Limoges à un moment... La ville est fictive, elle ressemble à un assemblage entre un assez gros village (les rues autour de la Mairie) et une ville de moyenne importance (la vue sur la ville depuis le balcon de l'appartement de Gilles Lelouche). Quelle pourrait être cette ville ? Amalric et Lelouche disent en regardant ce qui semble être le paysage urbain d'une ville de 100 / 200 000 habitants qu'il y avait là, quand ils étaient jeunes (donc en 1975), "des champs" où ils gambadaient. Possible ? Moui.

Bref, on est tellement perdu (dans la géographie du film et ses enjeux dramatiques sans intérêt) qu'on finit par se demander si le film n'est pas une sorte de projection de la nouvelle France frontiste, avec sa vieille génération UMPS (Dussolier le maire de gauche, ou supposément de gauche puisqu'il a le souci du logement social - mais de toute façon "droite ou gauche ça ne change rien" dit-il à un moment - fricotant avec Nicole Garcia la grande bourgeoise du château), l'importance accordé au truculent personnage du Notaire, l'impression de vaudeville généralisée, les enjeux patrimoniaux (mais qui va hériter et où est la page 144 du testament ?!), les promesses de mariage, le goût pour les personnages de père autoritaire à double vie (à la limite du "il a fait un gamin à la bonne"), les gamines de 23 ans (Marine Vacth) qui passent sans que ça fasse question des bras d'un mec de 45 ans aux bras d'un autre mec de 45 ans (Lelouche > Amalric) tandis qu'on va laisser les niakoués faire des enfants entre eux (hallucinante façon de se débarrasser du personnage de Gemma Chan!!) et que les petits Noirs courent au soleil sur la plage de Zanzibar...

Sur la question de la comédie romantique, le film n'est pas beaucoup plus habile. Pour alimenter l'histoire d'amour entre Amalric et Vacth, il est obligé d'insister lourdement sur le corps de la jeune fille et son impudeur d'allumeuse (elle repousse la couverture que sa mère pose sur ses jambes, elle se fait masser devant un quasi-inconnu, elle se trimballe en culotte et, évidemment, c'est elle qui va l'embrasser par insolence alors que lui-même ne demandait rien), preuve que le film peine à traiter naturellement sa romance. Mais comme on nous précise qu'il n'y a aucune consanguinité entre eux ("Vous savez que ce n'est pas votre demi-sœur..." prend bien soin d'articuler Karin Viard), la morale est sauve.
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Trollope
dans le coma profond


Inscrit le: 04 Oct 2011
Messages: 637

MessagePosté le: Jeu Oct 29, 2015 18:18    Sujet du message: Répondre en citant

Avis très intéressant, comme souvent, pour un film dont je n'aurais rien à faire sinon.
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