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MessagePosté le: Ven Mai 13, 2011 17:12    Sujet du message: Répondre en citant



BODYWORLD, de Dash Shaw, édition Dargaud

Un résumé trouvé sur internet : 2060. Le professeur Paulie Panther débarque dans la petite bourgade de Boney Borough suite à une annonce du complexe éducatif local. Botaniste énigmatique, il a repris la rédaction d’une encyclopédie sur les effets hallucinogènes de la flore nord-américaine ; en clair, il passe son temps à fumer tout végétal qu’il croise et en annote minutieusement les conséquences psychotropes.
Au cours d’une balade avec la troublante Jem Jewel, professeur de sciences au lycée, il tombe sur une fleur inconnue, entre monnaie du pape et plume de paon. Va alors débuter une expérience sensorielle aux contours troubles, à la limite du paranormal.
La consommation de cette plante lui permet en effet de « lire » une personne proche, de ressentir à la fois ses sensations et ses pensées, de partager ses souvenirs. La communauté locale n’en sortira pas indemne…


Je n’avais pas du tout été convaincu par Bottomless Belly Bottom, le précédent livre de Dah Shaw. L’impression que l’auteur cherchait à se démarquer d’abord par une structure hyper maîtrisée, mais comme plaquée sur une histoire et des personnages, une construction trop visible en ce qu’elle ne disait rien d’autre que le désir de l’auteur de faire son malin démiurge. Tout ça s’articulait un peu laborieusement, et le livre n’allait nulle part, une grosse machine au romantisme un peu naïf qui tourne à vide.
Son nouveau livre, Body World, présente a priori les mêmes tares. Les lieux de l’action sont cartographiés en début et en fin de volume, le livre se lit dans une mise en page à l’italienne verticale, qui trahi son origine de webcomic et qui rappelle constamment au lecteur justement une topologie et une structure propre à internet. On se retrouve avec un livre qui crie de partout son désir de liens hypertextes et de scrolls sans fin.
Pourtant, quelque chose fonctionne. Certainement d’abord parce que l’esthétique et le sujet de cette histoire creusent surtout une prédominance de la superposition, de la strate, et qu’il s’agit en premier de travailler sur un monde du sensible et de sa traduction graphique par la mise forme d’un réseau de connexions des vécus et des sensations.



Body World est peut être parfait pour le net en fait, et ce livre serait un compromis pour ceux qui ont du mal à lire sur un écran. Dash Shaw, cette fois là, oublie un peu plus ses personnages, s’intéresse un peu moins à leurs histoires, mais par contre réussit complètement à faire vivre les entrelacements de sensations et d’émotions par tout un jeu d’aplats des formes et de mélanges des lignes, jusqu’à provoquer parfois une émotion surprenante lorsque les identités se troublent et que les affects se mélangent.
En faisant des structures de la perception son sujet, Dash Shaw réussi là où il échouait dans son livre précédent.
Par ailleurs, son dessin est toujours moche, mais il devient ici un peu criant, un peu outré, et bien plus vivant et singulier que qu’auparavant.
C’est peut être pas la peine de l’acheter, au-delà de l’expérience narrative le livre tourne un peu trop sur lui-même, et encore une fois ça ne va nulle part, mais si on est curieux on peut toujours le lire en ligne ici : http://www.dashshaw.com/prelude.html
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Ven Mai 13, 2011 19:43    Sujet du message: Répondre en citant

Bon moi j'ai simplement détesté.
Je vais te le revendre.
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MessagePosté le: Ven Mai 13, 2011 20:43    Sujet du message: Répondre en citant

Ce que je comprends pas, c'est que tu as aimé Bottomless qui était vraiment du vent. Qu'est ce qui n'a pas marché sur celui là ?

Sinon c'est trop tard pour me le vendre, fallait pas me le prêter Very Happy
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Sam Mai 14, 2011 1:27    Sujet du message: Répondre en citant

Ben c'est marrant, mais tous les reproches faits à Bottomless, que je ressentais en demi-teinte, je les ressens à plein : démonstration de force crispante, narration complaisante, beaucoup de bruit pour rien, livre pénible et luxueux et cher et sans raison. Je trouve aussi qu'au moins, dans Bottomless, il aimait ses personnages. Ici, c'est pas flagrant, il n'aime ni ses personnages, ni le genre qu'il satirise sans finesse.
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Oxyure
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MessagePosté le: Lun Juin 06, 2011 21:55    Sujet du message: Répondre en citant

Mes achats du jour, que du bon :


Scènes d'un mariage imminent, d'Adrian Tomine

Petit livre très mignon, pour un récit très bourgeois mais mignon.



Engelmann, N°1, de Mahler

Génialissime retour de Mahler, les couleurs sont superbes, l'histoire très simple mais drôle, le propos brillant... J'en redemande tous les jours.


Mister Sixties, de Robert Crumb

Bon, je suis un grand fan de Crumb, mais ces derniers temps j'ai trouvé que ces recueil édités par Cornélius baissaient un peu niveau qualité... à voir donc.

Finalement, je l'ai lu hier soir, ce tome se situe dans la bonne moyenne. On y parle un peu de hash et beaucoup de féminisme... Pour les gens complexé par le dessin de Robert C. Les deux premières histoires (œuvres de jeunesse) vont en rassuré plus d'un, Crumb aussi peut raté des mains et surtout des nichons à la pelle...


Le Samurai Bambou, n°6, de Tayo Matsumoto

(Pas encore lu celui là non plus)
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Zahad le rouge
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MessagePosté le: Mar Juin 07, 2011 11:09    Sujet du message: Répondre en citant



Deux mots : TUE. RIE.
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MessagePosté le: Dim Juin 12, 2011 22:14    Sujet du message: Répondre en citant



L’ANGELUS DE MIDI (tome 1), de Manu Larcenet, édition Les Rêveurs.

Larcenet a compté pour moi, fin des années 90 j’ai lu son livre Presque et c’était quelque chose d’assez fort pour qui découvrait la bande dessinée. Maintenant, on peut dire qu’entre lui et moi, il y a un désamour. Bien sûr lui il s’en fout mais moi des fois ça me travaille, je me demande ce que le Larcenet de l’époque avait de plus que celui d’aujourd’hui, et puis tout le monde en parle, La Vraie Vie ou Le Combat Ordinaire font l’unanimité, peut être que je passe à côté de quelque chose. Ça faisait bien longtemps que j’avais pas lu du Larcenet, je me suis dit que mes yeux étaient redevenus vierges, alors quand on m’a proposé de lire ce livre là que je ne connaissais pas, en me vantant combien c’était drôle et bien vu, je l’ai pris et je l’ai lu.
Autant le dire tout de suite j’ai trouvé ça franchement pourri.
Il y a un aspect de la production de Larcenet qui regarde vers le léger, le livre pas grave, pour se faire plaisir. Celui là ou Critixman, ou les échanges épistolaires avec Ferri, c’est un peu bâclé, vite fait, auto-indulgents, ça aurait pu ne pas se faire mais ça s’est fait quand même, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Le propos est vain, comme un blague entre copains ; le trait est succinct, lâché, comme pour signifier qu’on n’a pas passé trop de temps à le faire et qu’il ne faudrait pas passer trop de temps à le lire. Et tout est baigné dans un second degré, le sourire en coin, qui nous dit combien tout ça n’est pas sérieux, critique et auto-critique renvoyées dos à dos, match nul où tout s’épuise dans un humour pirouette qui ne cherche à aller nulle part.
Quoi que, est ce que vraiment rien n’est dit dans ces livres ? On y trouve quand même une peinture de l’Artiste tellement risible à vouloir être novateur (Minimal), du Critique tellement ridicule à produire une pensée forcément dominante et castratrice (Critixman).

Dans L’Angelus, il y a un passage important sur Godard. Larcenet raconte comment il a pu voir Godard dans une émission de Paul Amar s’en prendre au pauvre cadreur de l’émission, le prendre à partie personnellement en l’accablant de toutes les tares de la télé, et le pauvre cadreur de faire son boulot sans broncher, sans pouvoir répondre sous les attaques de ce salaud de Godard qui profite de sa position pour l’humilier. Larcenet prend la défense du travailleur et décrète que Godard est un con.
Je me souviens de cette émission. Si mes souvenirs sont faux, tout ce qui suit ne vaut rien. Mais je crois m’en souvenir. Je me souviens surtout que Godard ne parlait pas réellement de ce cadreur là, qu’il pointait la fonction et pas l’homme, qu’en aucun cas il ne l’attaquait personnellement, et que dans sa parabole, Godard avait raison de souligner la différence entre un cadrage de télé et un de cinéma, en rappelant que ce n’est pas la caméra qui fait le métier. Et le cadreur, s’il a eu un peu de lucidité sur son travail, il a dû se dire que Godard avait bien raison.
Surtout, ce qu’il y avait de vraiment violent à ce moment là, c’est que le cadreur pointé par Godard était réellement filmé par une autre caméra de l’émission. S’il était resté hors champ, la tirade de Godard aurait gardé son statut d’allégorie. C’est le réalisateur de l’émission qui a tenu à ce qu’on voit le visage du bonhomme, en transformant un discours général sur la télé et le cinéma en attaque dirigée contre un corps et un visage particulier, dans un plan insistant qui ne voulait pas lâcher le cadreur et cherchait le moindre tressaillement dans ses yeux.
Ce qui a gêné Larcenet était dû avant tout à la mise en scène de l’émission, c’est ce plan indécent sur le cadreur qui était révoltant et accusateur, plus que ce que pouvait dire Godard.
Que Larcenet n’ait rien compris à ce qu’il voyait, ce n’est pas grave. Qu’il en fasse plusieurs pages agressives et à côté de la plaque, c’est un problème. Parce qu’il donne l’impression de vouloir régler ses comptes mais avec qui ? Envie de déboulonner une idole, de casser une image d’intouchable (l’Artiste, le Penseur, le Génie), il gratte là où ça le démange mais à chaque fois ça tombe affreusement à plat.

Ce qui ressort de tout ça, c’est le sentiment que Larcenet fait des livres trop vite, qui s’avancent comme des pochades mais qui ne peuvent cacher son désir de tenir un discours et de régler ses comptes. Ni pamphlet, ni récréation, ces livres finissent par être indigestes à force de critiques mal calibrées et d’humeurs lancées n’importe comment, et ça donne l’impression que Larcenet cherche à rabaisser toutes les prétentions, les siennes comme celles des autres.
Pour les siennes c’est réussi (depuis il a fait Blast, des livres qui pour le coup crient leurs ambitions), mais pour celle des autres c’est un peu petits bras.
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MessagePosté le: Mer Juin 29, 2011 17:38    Sujet du message: Répondre en citant



COMMENT BETTY VINT AU MONDE, de LL de Mars, chez Tanibis.

Tout comme Docilités, mais de manière différente, Comment Betty vint au monde cherche à ralentir le lecteur. Ailleurs, les signes et le sens s’organisent de manière claire et intelligible, on les embrasse d’un coup d’œil et on avance dans les pages, souvent confortable, jamais entravé, et si l’on décide de s’arrêter, c’est avec le luxe du promeneur qui choisi de poser son regard un peu plus longtemps sur tel paysage car tel est son bon plaisir.
Ici c’est différent, les pages résistent d’abord, le paysage est turbulent, mouvant, il faut s’y arrêter de force et s’atteler à la lecture, elle ne se fera pas toute seule. Cette violence faite au lecteur n’est pas gratuite, et surtout elle va de soi, car si le livre demande un effort (et déjà c’est quelque chose de rare et d’appréciable en bande dessinée), on y consent sans difficulté tellement les pages sont dès le premier regard d’une beauté plastique à l’attraction immédiate. Alors on s’y plonge, on prend son temps et ce qui au départ pouvait passer pour un bouillonnement graphique insaisissable est en fait une redéfinition de ce qu’est lire une bande dessinée.
Je dis redéfinition parce que souvent, quand il s’agit de définir ce qu’est la bande dessinée, on nous sert d’abord la fameuse alliance du texte et de l’image, avec derrière la tête l’idée que l’un et l’autre font partie de deux monde dissociés, deux planètes éloignées (peinture/littérature) que la bande dessinée aurait réunies dans un tour de force qu’on nomme phylactère. Dans cet agencement, tout de même, chacun garde ses prérogatives et ses territoires bien définis, et cette fameuse alliance est le plus souvent d’abord une collaboration, qui tient chacun à distance de l’autre. Dans Comment Betty…, LL de Mars procède à une abolition de ces limites dans un travail de caches, de ratures et de calligraphie, un déplacement des lignes qui à la fois homogénéise graphiquement (potentiellement, dessins et textes sont d’abord des traits et des taches) et démultiplie les différentes modalités de lectures. Textes et dessins sont des éléments qui se lisent également, et rien n’empêche qu’une lettre se donne avant tout comme partie graphique de la planche, ni qu’un dessin soit l’énoncé d’une bulle. Bien sûr ce n’est pas Comment Betty… qui invente ça, c’est plus ou moins en présence dans pas mal de livres, mais cette sorte de fusion/éclatement à l’œuvre ici se fait dans une telle évidence que trouver autant de clarté dans un livre qu’on aurait cru impénétrable est une source de plaisir surprenante.
Le mot « clarté » est à prendre dans un sens solaire, voire joyeux ou généreux, chaque page est un ensemble de gestes et de couleurs éclatants et il a fallu tout le courage et l’intelligence de la maison d’édition Tanibis pour réussir à préserver la sève des couleurs et des formes à l’impression.




Pour ce qui est de l’intelligibilité, LL de Mars fait un pas de côté, la question ne se pose pas, ou plutôt elle est déplacée. Car si l’on ne peut pas se tromper sur ce que raconte Comment Betty…, le sens de ce qu’on lit se dérobe parfois, soit parce que la narration est elliptique, soit parce que textes et dessins peinent à être déchiffrés. La lecture, comme la création, est un chemin, un processus.
On peut alors comprendre le titre de plusieurs manières.
Comment Betty vint au monde : ou dans quel état elle y fait son apparition, c'est-à-dire en résistance, dans un refus des compromis dans sa vie et dans son art.
Comment Betty vint au monde : ou quel trajet elle empreinte pour trouver/garder sa voix et la vitalité des choses.
Comment Betty vint au monde : ou quel ensemble de choix, de directions et de moyens LL de Mars a pris pour mettre au monde son personnage/livre (les gestes, la matière, le mouvement de l'auteur son très présents), et comment chacun est à la fois radical et signifiant, donnant toute sa belle personnalité à Betty.
Comment Betty vint au monde : ou comment Betty/le lecteur, une fois engagé dans le sentier du récit, apprend à s’émanciper de ses vieux réflexes de lecture pour mieux appréhender le monde et les potentiels qui s’offrent à lui.
Ce processus est le même pour tous, auteur-lecteur-livre-personnage, et c’est un processus exigeant et ouvert, dont la beauté se trouve autant dans son cheminement que dans son résultat.
Comment Betty… se lira plusieurs fois, c’est un livre qui n’est pas monolithique, il accueille plusieurs rythmes, plusieurs humeurs, grave et léger, et plusieurs états. En fonction de la lumière ou de la disposition d’esprit du lecteur, il prendra des inflexions nouvelles. Et ce n’est pas la moindre des qualités du travail de l’auteur que d’être à la fois si solide dans son projet et si ouvert au regard de l’autre.

(Betty peut se lire aussi sur différents supports qui ne s’excluent pas l’un l’autre, même si j’ai une nette préférence pour son existence tangible. C’est un livre publié sous Copyleft et on le trouve facilement au format pdf sur le net)
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MessagePosté le: Sam Juil 09, 2011 19:24    Sujet du message: Répondre en citant



PAYING FOR IT de Chester Brown, chez Drawn & Quarterly

De 1999 à aujourd’hui, Chester Brown est allé aux putes. On peut le dire comme ça. Après une séparation compliquée avec la femme qu’il aimait, il a décrété que l’amour romantique était un leurre, un emprisonnement, et qu’une relation contractuelle avec des femmes serait à la fois satisfaisant sexuellement et libérateur affectivement pour lui. Il a consigné scrupuleusement ses rencontres tarifée dan un carnet, dont il a tiré ce livre autobiographique.

Le travail de Chester Brown n’a cessé de s’améliorer, des jolis Je ne t’ai jamais aimé et Le Playboy, à Louis Riel, il est passé d’un dessin et d’une mise en page fins et délicats à une esthétique de plus en plus épurée et clinique, jusqu’à avoir un style particulièrement précis et rigoureux qui me paraissent vraiment réussis. Sa narration est elle aussi devenue plus distanciée, jusqu’à sembler ne raconter qu’une succession de faits enchaînés, mais de manière très maîtrisée, réduisant ses outils d’expression (dessins plus petits, plus simples, moins variés, gaufrier des cases régulier, cadrages et échelles de plans de plus en plus répétitifs) tout en les affinant très rigoureusement dans leur portée narrative (et en prenant l’habitude d’ajouter plusieurs pages de notes à la fin de ses ouvrages).
Il s’inscrit complètement dans l’évolution de sa famille esthétique formée par ses amis Seth et Joe Matt, qui eux aussi (dans des styles différents), se sont tournés vers une réductions des effets (ce qui n’empêche pas le spectaculaire ou l’ampleur, narrative ou structurelle).

Chez Chester Brown, l’espèce de neutralité émotionnelle de ses récits est particulièrement adéquate pour traiter de l’autobiographie et de la prostitution. Il trouve une certaine distance dans la représentation qui empêche largement le livre de tomber dans le sensationnel ou la séduction mal placée. Comme le souligne Crumb dans sa préface, les visages sont réduits à une simple expression neutre qui ne varie pas, et les prostituée (pour respecter leur anonymat) ont toutes le visage caché soi en hors champ, soi par les phylactères. Outre le traitement presque clinique du sujet, on peut se dire que cette forme correspond à un état de l’auteur, à sa manière d’être au monde. Car ce qui frappe ainsi, c’est le désir de Chester Brown de s’extraire le plus possible des relations affectives dans sa vie, de mettre une distance entre ce qui lui arrive et comment il pourrait en être affecté. Le style dit alors beaucoup sur le pourquoi de devenir client de prostituées et sur sa tendance à chercher à établir des relations codifiées et maîtrisées, marchandes, avec le moins d’implication sentimentale, là où habituellement le sentiment domine. Le gaufrier des cases comme mise en scène d’une difficulté dans les rapports amoureux et le besoin de réduire et maîtriser les émotions. Presque une forme anale dirait Freud, finalement très expressive et très belle.
Du coup, Paying for it développe une narration subtile et ambiguë autour de l’usage de prostituées, où l’on suit les pensées de Brown qui ne voit qu’avantages et libération à devenir michton, et où les choix de mise en scène et de situations à raconter disent la complexité et l’ambivalence de sa position. Plusieurs pages de conversations développent sa position raisonnée et éclairée sur la prostitution, puis une scène très violente (une prostituée qui cache son visage de honte durant le coït, et lui qui se dit qu’il va lui faire une mauvaise critique sur les forums Internet) vient contrebalancer sa bonne conscience de client honnête et respectueux.
Chester Brown est un auteur que j’aime beaucoup, et Paying for it est un livre passionnant et troublant qui réussit faire exister un regard étonnant et contradictoire sur un sujet délicat.



A la fin du livre se trouvent des annexes et des notes sur plusieurs dizaines de pages, où Chester Brown milite pour la dépénalisation de la prostitution en reprenant et démontant les arguments de ceux qui sont contre. Ce qui avait été construit durant le récit, sa complexité et ses situations équivoques, se trouvent affaiblis par ce long développement, au point qu’on se demande s’il a bien compris ce qu’il avait réussi à faire jusqu’ici dans son livre. Chester Brown évacue toute idée de rapport intime au corps, de nécessité du désir dans le sexe, de l’impossibilité d’une réelle liberté dés lors qu’une logique marchande s’installe à cet endroit là précisément, de la potentielle violente effraction que représente la prostitution, et de la laideur de la position de consommateur dans ce domaine là en particulier (en avoir pour son argent, c’est bien d’une aliénation qu’il s’agit là aussi, pour les deux parties).
Alors que les évènements racontés dans la bande dessinée sont eux-mêmes emplis de contradiction (au final, Brown recrée un rapport de couple monogame tout en continuant à payer, sans jamais se dire que ce même rapport est possible sans argent), les annexes et les notes viennent (et c’est la première fois) affadir ce qui faisait la force de son histoire, en forçant le lecteur à choisir son camp, à établir un jugement sur ce qu’on vient de lui raconter et en le faisant entrer dans une dialectique pour/contre qui n’a pas grand intérêt ici. Et avec des arguments du genre « notre corps nous appartient au même titre qu’un meuble, on devrait avoir la liberté de le louer à notre guise », Brown développe une pensée franchement capitaliste des rapports humains et de ce qui constitue une identité, où la liberté est avant tout celle de vendre et d’acheter, et où l’horizon des rapports humains serait avant tout décidé par un besoin de se protéger (de l’amour romantique, de la déception, d’une obligation envers l’autre, d’un attachement qu’on ne pourrait ni maîtriser ni garantir).
Tout cet exposé m’a semblé à côté de la plaque, déplaçant vers une sociologie et un argumentaire simpliste de qui était de l’ordre de l’humain et d’une trajectoire complexe. Cette bande dessinée vaut mieux que le discours qu’elle serait censée soutenir.
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Oxyure
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MessagePosté le: Mar Aoû 16, 2011 6:46    Sujet du message: Répondre en citant

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MessagePosté le: Dim Oct 02, 2011 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

(post qui sent le retour de vacances)

On ne peut pas dire que je sois du genre collectionneur hystérique, à fureter partout en essayant de dénicher de la BD obsessionnellement.
N’empêche, quand je suis dans un pays étranger, je fais toujours attention du coin de l’œil à repérer si de la bande dessinée m’entoure, et laquelle.
En Italie, la bande dessinée italienne est partout. On la trouve en librairie, dans les gares, dans les points presse (Buzzati et sa BD Poema a Fumetti se trouvent autant dans les rayons littérature que bande dessinée, dans une édition poche qui ne paye pas de mine alors qu’en France on trouve peu le livre, et dans une édition luxueuse chez Actes Sud BD qui est trop fragile). En France, à part les comics de super-héros, impossible de trouver des livres de bande dessinée au PMU. En Italie, si. Mais alors c’est toujours la même, en gros trois titres se trouve où que vous tourniez le regard, Tex, Diabolik, et Dylan Dog (les mickey et picsou, ça compte pas).




Editées entre autres par l’omniprésente maison d’édition Sergio Bonelli Editore, ces bandes dessinées ont ceci de remarquable qu’elles marchent très bien (la BD italienne est une des rares BD nationales en occident à faire la nique aux productions US) et que ce sont les mêmes depuis en gros 30 ans. De la bonne vieille BD de gare (où certains auteurs comme Magnus ont fait leurs armes), que j’ai pu retrouver chez la plupart des italiens chez qui je suis entré, rangée à côté de Manara et Pratt.
Du coup, une forte impression que la bande dessinée italienne se vend bien mais tourne sacrément en rond. Pour trouver autre chose, il faut justement chercher, et même dans les grandes villes comme Rome ou Milan, pas facile de tomber sur la pourtant dynamique revue Canicola, ou sur autre chose que les éditions Coconino (qui publient en gros les indés du monde occidental, L’Association et Fantagraphic pour aller vite). J’espérais rencontrer une sorte d’altérité, mais les petits auteurs italiens inconnus sont biens cachés. La seule surprise fut de tomber sur ce tableau de 1964 de Achille Perilli (dont je ne connaissais que les formes géométriques flashies) au musée d’art moderne intitulé Rosa Luxembourg.



J’ai donc cherché ce que je connaissais déjà mais sans connaître, un auteur des années 80 que j’avais croisé dans un écho des Savanes de Mars 1983 (pas forcément la meilleure période) qui s’appelait Andréa Pazienza et qui m’avait fasciné.
Je découvre donc que Pazienza n’est pas du tout un inconnu, qu’il été publié dans les revues Cannibale et Frigidaires (revues crées par Mattioli), qu’il a eu un certain succès critique et public, qu’il a 20 ans quand il commence à publier et qu’il meurt d’une overdose à 32 ans. D’où un certain culte autour de lui en Italie (il est régulièrement réédité), et peut être son manque de reconnaissance en France.

Je me suis attaqué à ses livres les plus réputés. D’abord Le Straordinarie avventure di Pentothal sorti fin des années 70.



Une sorte d’autobiographie largement fantasmée très dans son époque, c'est-à-dire qui fait traîner les années 70 en racontant les déambulations de Pentothal, l’engagement politique de la jeunesse, ses états d’âmes, la drogue, dans une narration psychédélique et absurde.
Ça se présente comme une sorte de monument, des pages archi denses, pratiquement sans cases, où le dessin et le texte se tirent la bourre pour remplir l’espace au plus serré.



C’est pourtant très fluide, tout le temps en mouvement, mais il y a quelque chose qui me semble lourd, comme une démonstration de force dans les changements de styles et de ton d’une page à l’autre. Et puis c’est bourré d’influences très visibles, Crumb + Moebius, ( avec cette technique des zones d’ombres en pointillisme, très caractéristique de l’époque (Bilal et Moebius par exemple) et pratiquement oubliée aujourd’hui. Qui fait ça de nos jours ?) et tout ça fait l’effet d’un truc pas toujours bien digéré.
(Ici je dois préciser que je ne parle pas italien, et que ça n’aide pas pour ce genre de livre. J’ai passé pas mal de temps avec le livre dans une main et le dico dans l’autre, et si j’ai pu croire que l’italien c’était du français avec des I et des O à la fin des mots, j’avoue que je suis un peu revenu là-dessus. Toujours est-il que je n’ai pas dépassé les 30 premières pages, ce qui est quand même du boulot croyez moi).

Et puis je suis passé à Zanardi.



Plein d’histoires courtes sorties dans diverses revues, qui racontent les aventures de trois jeunes étudiants, en particulier le Zanardi du titre. C’est une de ces histoires que j’avais lu dans L’Echo des Savanes. Si Pentothal était un livre des années 70, Zanardi est clairement des années 80. Il y a une sorte de cynisme ambiant chez les personnages, une légèreté morbide où rien n’est important, sauf la fête et le look. Pas de condamnation directe pourtant chez Pazienza, car cette superficialité colorée libère son style d’une certaine lourdeur, et lui permet une aisance toute nouvelle. Le dessin change constamment et radicalement d’une case à l’autre, des visages détaillés à des corps cartoon, tout est une question d’énergie et de mouvement (et ça bien avant un type comme Sfar par exemple. D’ailleurs je me demande si Pazienza invente ça, ou si lui aussi le tire de quelqu’un). Du coup, si la mort et la souffrance sont omniprésentes, c’est aussi dans une certaine jubilation, une méchanceté joyeuse.



Les personnages évoluent dans un univers de jouissance et de violence, il y a quelque chose de l’enfance, Pazienza se montre en gamin surdoué et grinçant, pas de morale, pas de message, ce qui compte c’est que ça bouge et que ça fasse mal. Et parfois une mélancolie, un détachement, qui surprennent et colorent la pop d’une gravité étonnante.
Reste que ça manque d’un éditeur français qui se penche là-dessus.


(Frigidaire est sorti ? - Mmm Pazienza c'est vraiment le meilleur... - Pratiquement une rock star)
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MessagePosté le: Mar Oct 04, 2011 20:13    Sujet du message: Répondre en citant



COMBATS de Yûichi Yokoyama, aux éditions Matière.

Le récit du livre de Yokoyama est tout entier dans son titre. Des combats et rien d’autre. Si on veut développer un peu, on peut dire qu’il s’agit de groupes d’individus, aux formes fantaisistes et aux visages impénétrables, qui s’affrontent dans un espace urbain. Le livre est un recueil de plusieurs histoires courtes publiées dans des magazines, rassemblées ici en une grande unité d’action. Pas de contexte, de politique, de psychologie, aucun indice pour nous éclairer sur l’origine du conflit ; simplement le mouvement et le fracas (si le livre est quasiment muet, il est par contre extrêmement sonore).

Yokoyama impressionne d’abord par la densité de son travail, où tout semble concentré dans une esthétique cohérente et parfaitement maîtrisée, un point limite de la disparition de la narration, une action pure qui laisse toute la place à des partis pris formels radicaux. En premier lieu, le rythme et le découpage hyper dynamiques font penser à une exacerbation du genre shônen qui se serait débarrassé des personnages et de l’histoire pour ne garder que les affrontements, gonflés jusqu’à l’absurde. Yokoyama développe jusqu’au grotesque les perspectives et le montage des gestes, dans une mise en scène très spectaculaire, tout en changements d’axes et en cadrages dynamiques.



Mais surtout, le dessin est presque géométrique, principalement composé de lignes de mouvements, d’angles, de lignes de fuites, de parallèles et de perpendiculaires. La froideur du trait posé sur une action échevelée provoque une distanciation du récit qui ajoute à l’abstraction de l’ensemble. Les personnages sont comme des pantins, des automates qui répètent inlassablement leurs affrontements sans plus d’émotion. Aucun romantisme dans cette guerre, une violence froide et mécanique qui peu à peu se met à ressembler à une chorégraphie dépassionnée, un programme qui se déroule dans une multitude de variation, mené par des acteurs consciencieux.
L’histoire intitulée Champ de bataille voit les protagonistes installer le décor d’une guerre, les murs détruits et les gravats, puis de grandes sculptures en forme d’explosion, et finalement une bande son qui hurle les bruits des combats. Chacun alors, comme des visiteurs, regarde se qui ressemble à une installation. Combats est un peu ça, l’exploration d’une forme, la mise en place d’un calibre, d’une convention, et un mouvement vers un emballement, une abstraction, jusqu’à en extraire une architecture qui produira autre chose.
Cette autre chose, on peut l’appeler poésie. Outre la grande beauté des variations et des systèmes, le dessin de Yokoyama développe quelque chose de très fort. En travaillant ses histoires de mouvements dans un style très rigide, les corps et les visages des personnages se fondent dans le décor, une ligne de bras se confond avec la perspective d’un mur, c’est un catalogue d’Ikéa ou le schéma d’un manuel de secourisme qui plonge dans le chaos, et l’équilibre fragile entre la grande rigidité et le désordre profond que cela produit est une des puissantes réussites du livre.
Les énormes onomatopée se mélangent à leur tour et c’est jusqu’aux contours des cases qui deviennent parfois difficiles à distinguer. Il y a une grande jouissance et une certaine sidération à voir les signes devenir confus, les statuts de chaque trait devenir mouvants, comme si l’hystérie de la bataille avait gagné la matière même d’un dessin pourtant très ordonné.
La dernière histoire voit les combattant se lancer et découper au sabre des livres et des mangas, la pages tranchée volent au premier plan, la case devient un fragment, l’image une multitude d’autres images, l’espace inter-iconique est un coup d’épée, Combats est un feu d’artifice.



Ils sont rares les auteurs qui réussissent à développer un langage aussi total et singulier, pas un seul élément du livre qui ne soit d’une certaine manière nouveau, qui fasse complètement partie d’un projet d’ensemble radical et vivant. Combats est d’ailleurs lui aussi une pièce d’une œuvre plus vaste et tout aussi cohérente (des livres comme Travaux publics, ou Voyages que je n’ai pas lu). A la conjonction du manga d’action, de l’installation, de l’architecture, et en même temps dans un lieu qui n’appartient qu’à lui-même ; Combats est, dans le projet qui lui est propre, parfait.
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MessagePosté le: Jeu Oct 13, 2011 10:56    Sujet du message: Répondre en citant

Nouvelle joie de lecture (parmi une flopée de choses bien peu recommandables) : La Putain P jette le gant réalisé en duo par Katrin de Vries et Anke Feuchtenberger et publié chez FRMK.



(on pourra remarquer que le livre, en tant qu'objet que des mains vont devoir tenir et des yeux parcourir, est joliment fichu. De belles marges, larges, aérées et pas peureuses. Un format idéal. Couples de mésanges de Pantone Or réfléchissant la lumière déclinés en pages de garde. Couverture charbon au léger grain. Un livre envisagé comme objet de lecture...)

La Putain P jette le gant est le troisième volume d'une série inaugurée il y a quelques années chez l'Association avec :




A la même époque, l'Association avait publié dans sa collection Patte de Mouche un court récit des deux mêmes auteurs :




FRMK a pris le relais des années plus tard avec La Putain P fait sa ronde, que je n'ai pas lu parce qu'au jour présent de ma vie je n'ai pas lu tout ce que je devrais avoir lu (et que le retard s'accumule mais que j'apprends à considérer que ce n'est pas grave) :




Ces bandes dessinées (même celle que je n'ai pas lue, j'en suis sûr) valent qu'on leur consacre quelques heures de sa vie. Autant dire qu'elles constituent de drôles de singularités.


Et puis sinon, réjouissons-nous, les éditions Matière publient ces jours-ci :




Et Picturebox un Color Engineering du même auteur :




Avec des choses comme ça à l'intérieur :

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MessagePosté le: Mar Nov 08, 2011 12:46    Sujet du message: Répondre en citant

Bicéphale a écrit:


Et puis sinon, réjouissons-nous, les éditions Matière publient ces jours-ci :




Et Picturebox un Color Engineering du même auteur :




Avec des choses comme ça à l'intérieur :



Oui c'est beau. Et c'est affreusement cher, j'attendrai d'être riche.

Petite baisse de régime en ce moment, pas trop envie d'écrire sur les livres que je lis, mais enfin pour le sport je fais 3 lignes sur quelques dernières lectures.



MONSTERS de Ken Dahl, chez L’Employé du Moi.

Ken Dahl raconte comment il a vécu le fait d’être porteur de l’herpès, comment ça a flingué toutes ses relations amoureuses et sexuelles pendant un certain temps.
Un récit assez classique, autobio bien foutue, surtout Ken Dahl réussit bien à représenter son angoisse et le dégoût de son corps que lui provoque sa maladie. C’est fait sur un ton plutôt comique mais ça glisse parfois dans une certaine violence, une dépression qui font que le livre est plutôt réussit.



Après, c’est pas non plus la révolution, mais ça se lit très bien et c’est assez élégant.




MISTER WONDERFULL de Daniel Clowes, chez Cornelius.

J’étais resté avec un goût de déception sur son dernier Wilson. Trop de cynisme, un système graphique trop verrouillé, et puis trop de comme d’habitude. Ici c’est plus ouvert, plus fragile, l’humanité a un espoir, la rencontre entre les êtres est possible. Et Clowes joue très bien des variations de taille, petites cases ou pleines pages.






3’’ de Marc-Antoine Matthieu, chez Delcourt.

Matthieu travaille toujours sur une idée du vertige, où le livre se démultiplie en plusieurs dimensions et niveau de lecture. Toujours proche du gadget ou du procédé malin, il impressionne surtout par virtuosité et la maîtrise dont il fait preuve dans ses systèmes. Et aussi un beau dessin noir et blanc.
Dans 3’’, il tombe dans le pur exercice formel, un truc assez vain qui fait que l’on suit le parcours d’un photon sur 3 secondes, dans un zoom infini qui nous livre les méandres d’une intrigue policière autour du foot.
Très pénible à lire, Matthieu tente de supprimer l’ellipse, de plonger dans une même scène pratiquement figée pour la regarder sous tous les angles possibles, on se retrouve surtout à lire le livre à toute vitesse, puis à revenir en arrière pour tenter de raccrocher à une histoire dont on n’arrive pas à s’intéresser. Le procédé ne produit rien d’autre qu’une lecture laborieuse, on est face à un empilement d’images vide de sens.



Il existe aussi une version vidéo, à cette adresse : http://www.editions-delcourt.fr/3s/index.php?page=numerique
Je crois que le mot de passe est 33miroirs.




CANOPEE de Karine Bernadou, chez Atrabile

Petite surprise sur cette bande dessinée d’un auteur que je ne connais pas, qui présente un dessin à la fois séduisant et un peu girly, dans un récit au style symbolique et onirique dont je ne suis pas fan habituellement. Mais certaines pages témoignent d’une âpreté étonnante, voire d’une violence inattendue. Il y a aussi un rapport à l’autobiographie, distancée et transformée, dont on sent la présence comme un fantôme, qui est peut être le plus réussit dans ce livre. Je me dis que son prochain bouquin peut être très bien.


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MessagePosté le: Mer Nov 09, 2011 10:30    Sujet du message: Répondre en citant

le yougo' a écrit:



Je découvrais l'année dernière des planches de Pierre Guitton dans une anthologie italienne de la bande dessinée d'horreur des années 70. Je me rends compte aujourd'hui qu'il a sorti un livre il n'y a pas très longtemps, ça peut valoir le coup de jeter un œil. On en parle là par exemple : http://www.papiergache.net/fr/2011/05/30/pierre-guitton-le-chant-des-muses/
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