Hello--Kitty dans le coma profond

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Posté le: Dim Déc 19, 2010 11:37 Sujet du message: Pieds nus sur les limaces (Fabienne Berthaud, 2010) |
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A la mort de leurs mères, deux soeurs se rapprochent: Clara, bourgeoise et citadine, part vivre quelques temps à la campagne pour s'occuper de sa soeur Lily, un peu demeurée. Laquelle s'occupera vraiment de l'autre ?
Voilà donc le rôle de frappadingue qui devrait valoir à Ludivine Sagnier une nomination aux César de la meilleure actrice l'année prochaine. C'est étonnant de voir comme cette actrice est cantonnée aux rôles d'exhibitionniste buccolique (elle s'appelle ici Lily, comme dans La petite Lili) et/ou de malade mentale dangereuse pour le couple (Une aventure) ou dangereuse pour soi (Swimming pool, Crime d'amour). Là, elle est dans un registre plutôt sobre, se contentant de faire la moue et de traîner les pieds, cuisses grasses de fille qui vient d'avoir son 2ème enfant et voix toujours enfantine, trempant ses doigts dans des choses dégoûtantes (boue, animaux morts, poussière) pour nous apprendre qu'elles ne sont pas si dégoûtantes que ça, et que c'est vraisemblablement la vie moderne qui est dégoûtante. Film d'été, film de campagne, film français: Ludivine réunit en un seul personnage le corps plantureux de Pauline Laffont et l'esprit candide de Jacques Villeret dans L'été en pente douce.
L'idée du film, c'est que la soeur malade va peu à peu ouvrir les yeux de la soeur normale (Diane Kruger) sur la vanité de sa vie et ses choix malheureux (mauvais métier, mauvais mari). D'un côté, le bric à brac chaleureux d'une maison de campagne pleine de souvenirs, de l'autre le confort anonyme d'un appartement à l'arrangement nordique, foyer d'un couple qui a choisi le droit (Diane Kruger et son mari sont avocats) quand la petite soeur a choisi tout ce qui va de travers.
On voit mal comment le film pourrait se dépêtrer de cette lourdeur thématique-là: l'esprit fou qui en sait plus sur la vie que l'esprit sain. En gros: mieux vaut faire les fofolles dans l'eau glacée du ruisseau que répondre toute la journée au téléphone dans un cabinet juridique. Il y a pourtant une certaine intelligence dans le traitement, par exemple dans la façon dont le personnage du beauf est préservé (il est patient, il aime Lili, il a juste ses limites, il se dit qu'il vaudrait peut-être mieux l'interner mais il ne le formulera jamais tout à fait) ou dans cette scène où un trio de sales gueules (dont Reda Kateb et le toujours bon Jean-Pierre Martins) débarque en camionnette, laissant présager du pire.
Par ailleurs, on ne peut pas dire que ce soit paresseux du point de vue visuel. Fabienne Berthaud essaie d'associer dans chaque scène un couple pas si facile à marier: le plan large zarbi en focale courte et le plan très serré à l'affût des sensations et des belles bizarreries de la nature (carré de soleil dans le plan, doigts terreux, slips en peaux de bêtes, plumes un peu partout, mains roses de taupes mortes). Tout ça dans une image claire et colorée (gros verts tendres à la Fuji) qui incarne tant bien que mal l'esprit dérangé mais fantaisiste et heureux de l'héroïne. _________________ Personne nous piquera Kitty! Il est à nous désormais. Il va falloir raquer cher pour un transfert , ne serait-ce que d'un post. Kitty, mon jouet star de Noël. |
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