Oncle Boonmee (Apichatpong Weerasethakul, 2010)

[Averroès]

J'aime bien d'ailleurs comment le "Tarkovski c'est pas pour moi" en live s'est transformé en un "Tarkovski c'est chiant" objectif sur le forum

[Phèdre]

Bon ça suffit, on parle de Boonmee là maintenant.

[Baudruche]

Bonjour à tous. Je suis entièrement d'accord avec ce qui a été dit sur le film, et sur ce cinéaste qui, s'il expose parfois des dispositifs dans des musées, n'est clairement pas dans la pose arty (rien à voir avec le dernier Jarmush). Ce film est un véritable émerveillement et depuis que je l'ai vu jeudi dernier, je ne peux m'empêcher d'y repenser, comme si sa douceur continuait à me hanter, plus encore que Blissfully Yours et Syndromes and a Century (les 2 autres films de lui que j'ai vu).

[Pipi]

[Mystère Orange]

Moi j'aime bien le dernier Jarmusch.

[Baudruche]

Oui, très bonne musique de Boris (et je crois Sunn O)))) mais c'est tout, et encore.

[Mystère Orange]

Non mais je l'avais trouvé très amusant et ludique en fait (si si), mais on est loin de Bonmee, on est bien d'accord.

[Alexia]

[Zahad le rouge]

Frustrant...

J'aime beaucoup de choses, très précises, très ponctuelles, toute la séquence du porche la nuit, l'apaisement général à la vue des esprits, l'incroyable beauté de l'homme-singe à la table, sa voix douce, ses oreilles humaines sous les poils, cette attention au bien-être des esprits, est-ce qu'ils ont soif, est-ce qu'ils ont faim... Cet amour, en somme.

J'aime l'amour de bien des séquences du film, presque son côté guimauve, mignon.

Mais sans cesse, AW décide qu'il faut l'interrompre, qu'il faut avorter l'émotion en chemin, qu'il faut interrompre le récit, partir ailleurs, faire des ruptures, faire moderne en rompant, en laissant traîner, en flottant entre les blocs de récit. Eh bien moi il me perd. Il éteint mon émotion par seaux d'eau, et entre, il faut que je rallume le feu, avec du bois toujours plus humide. Des fois je m'ennuie, je pense à autre chose, j'oublie de raviver la flamme. Des fois je n'écoute plus. Des fois j'attends que ça se finisse.

Alors je regarde les couleurs, la belle lumière, les drôles de nuits américaines, les cadres... Je me dis qu'à force ce plan s'épuise, qu'il faudrait peut-être couper, qu'il y a un devenir carte postale de certains plans, finalement le passage photographique l'achève et c'est très beau de l'assumer, de comprendre ce devenir carte postale.

Et puis je ne sais plus. C'est sympathique.
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"Si je m'en sors bien, je serai peut-être vendeur aux 3 Suisses."

[Phèdre]

[Pipi]

D'accord avec Phèdre.

Jamais Api ne cherche à faire moderne... Il a toujours utilisé les ruptures, c'est aussi ce qui fait son cinéma, ça n'empêche pas l'émotion, c'est comme des souvenirs qui ressortent... Faut voir l'expo "Primitive" et les correspondances entre tous les films qui étaient projetés...

[Averroès]

[Alexia]

[Kuni l'hungus]

Film magique. Le film le plus fort spirituellement que j'aie jamais vu. Et qui a lemieux compris ce qu'était la spiritualité.


Déjà la scène d'ouverture est un grand choc. Une ambiance comme celle-là compte tenu des objets filmés, c'est vraiment quelque chose de rare, et la rythmique chapichapo fait merveille. On sent dès le départ qu'on est installés dans un truc, englouti au sein de quelque chose de grand qui n'est pourtant que tout ce qui est toujours autour de nous. On sait qu'on est dans un film qui va nous faire atteindre quelque chose, qui va nous faire voir le monde.
Par la suite, les choses sont plus légères, le film nous laisse respirer. Peut-être trop, d'ailleurs, j'aurais peu-être souhaiter prendre un peu plus de scènes asphyxiantes. Mais c'est aussi le talent du film, de nous permettre de nous imbiber de la grâce pour l'étendre dans le quotidien, et ce sans oppositions.

Et tout le film est cette grâce. Le film nous fait voir et vivre le beau sans avoir besoin d'artifice, lie la magie au quotidien, montre la folie inhérente au deux de la même manière, sans aucune rétention d'un côté ou de l'autre, avec son poisson chat bouffeur de chatte, loin d'une sagesse calme et reposante ou d'un ascetisme pesant.

Ce film nous montre une vraie spiritualité à l'oeuvre aussi bien dans le présent que dans le passé, illustre les mêmes choses, lie la contigence des évoultions historiques sous la même nécéssité esthético-spiriutelle immanente.
On est à l'opposé de la carte postale ou du cliché. La spiritualité, c'est pas l'ascétisme, l'attitude du moine, les restos, la musique pop (sur un superbe plan fixe qui relève un air pas top en soi), c'est la même spiritualité, et la même magie que celle de la princesse et du poisson chat, c'est la même saisie esthétique du réel. C'est la même chose, seuls les lieux et les circonstances changent.
Il pourrait toujours y avoir des crétins (ethnocentristes) qui y verraient une opposition entre tradition et modernité, mais c'est passer à côté de la magie du réel prsente dans ce film.

Après, je comprends pas cette histoire de chiant, le film dure deux heures que j'ai pas vu passer, et je comprends pas comment on peut trouver chiant un film avec des hommes singes, et des poissons-chats qui copulent avec des femmes.

Ma seule réserve, c'est avec les premières scènes du quotidien familial que je trouve trop peu étirées, et plus légères, peut-être parce qu'elles sont pas encore imbibées de ce que le réalisteur met ailleurs.


Trop court/6
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Independent Film!! You know it's like killing babies. [...] If you kill babies and you don't believe in it then that's bad. [...] You know, if you are killing babies and you believe in it, then you are doing something you believe in.

[Averroès]